2003, Pardès, 127 pages.
Béraud (1885-1958): « Libre écrivain, j’ai écrit, selon ma nature, ce que je croyais juste et vrai (…). Qu’une justice révolutionnaire me frappe pour avoir combattu ses doctrines, soit! Ayant lutté seul, la poitrine découverte, je suis vaincu et me tiens prêt à subir les conséquences de ma défaite. Mais vous tous qui me connaissez, irez-vous laisser ternir mon oeuvre et mon nom? Amis, je vous confie mon destin, mon honneur et ma mémoire. »
Le destin d’Henri Béraud est fascinant car il tient tout entier dans le demi-siècle précédent : la guerre de 14 avec les amitiés définitives ; la Révolution bolchevique et le fameux reportage Ce que j’ai vu à Moscou ; les scandales de la IIIe République, le 6 février 1934 et les éditoriaux fracassants de Gringoire ; la montée des totalitarismes et Faut-il réduire l’Angleterre en esclavage?, ce cri qui eut tant d’échos ; etc. Pourtant, ne retenir de Béraud que l’ oeuvre polémique et politique, celle des années trente et quarante, ce ne serait pas restituer le personnage. Mais, ne retenir de lui que l’ oeuvre régionaliste lyonnaise, celle de sa jeunesse, quand il était l’ami des peintres, quand il peignait lui-même, ne le restituerait pas davantage, et cela reviendrait à le mutiler. Dans ce « Qui suis je ? » Béraud, l’auteur a voulu présenter un autre Béraud, plus complet, et, surtout, plus complexe, un Béraud dont la caractéristique fut, sans doute, d’être le chef de file le plus représentatif d’une école littéraire et journalistique que l’on pourrait qualifier de » populiste « . Le jeune Béraud a entraîné dans son sillage lyonnais les Albert Londres, Charles Dullin, Gabriel Chevallier, Marcel Achard. Les amis qu’il se fait à Paris s’appellent Jean Galtier-Boissière, Joseph Kessel, Francis Carco, Pierre Mac-Orlan, Roland Dorgelès, Marcel Prévost, Henri Jeanson, Édouard Helsey, André Billy, Louis Jouvet, Marcel Pagnol ou, encore, les peintres Villeboeuf, Oberlé, Dignimont, Touchagues, etc. Béraud est l’authentique chef de file de cette école, et sa Croisade contre les longues figures montre bien cette ligne de fracture qui partage irrémédiablement les lettres françaises avec, d’un côté, les » gallimardeux « , les » gidards » et, de l’autre, ses amis à lui, bons vivants, gouailleurs et sachant lever le coude autant qu’il est souhaitable. Ce sont des écrivains très français, avec tous les excès – de langue et de plume – que cela peut signifier. Et telle est sa biographie : celle d’un homme qui aimait Wagner et le beaujolais mais pas les Anglais ni les » métèques « , comme Céline et quelques rares autres. « Chez Pardès, dans l’intéressante collection « Qui suis-je? », un essai rapide mais utile: parce qu’il ramène l’attention sur un auteur injustement oublié. » (Pol Vandromme, Les Cahiers de La Semaine.) – « Francis Bergeron raconte avec talent la vie étonnante de cet auteur ‘maudit, mais inclassable’, dont la vie littéraire fut d’abord consacrée à la poésie et à la critique artistique. » (Éléments.) – « Un destin émouvant et tragique, que Francis Bergeron fait intensément revivre. » (Jean-Paul Angelleli, Rivarol.) – « Voilà un livre qui aidera à sortir du ‘littérairement correct’, valet du système politique qui opprime notre civilisation. » (Lecture et Tradition.) – « Un bon petit livre pour redécouvrir un écrivain dont il serait juste que le martyre cesse. » (Aventures et dossiers secrets de l’Histoire.)